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Frank Perrin

Ruines
28.09.12 - 21.10.12
Exposition — les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

Frank Perrin

Ruins (Postcapitalism section 11), frise murale (2012)

Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Frank Perrin
Ruins (Postcapitalism section 11), frise murale (2012)
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Frank Perrin
Ruins (Postcapitalism section 11), frise murale (2012)
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Né en 1969 en France, il vit et travaille à Paris. 


Un Historien du Post-Capitalisme

 

Frank Perrin est photographe, philosophe, critique, créateur de la revue Bloc-Notes (1992-1999) puis du magazine Crash dont il assure la direction artistique. Il se consacre depuis plusieurs années au concept de « post-capitalisme », reposant sur une hypothèse formulée par Veblen puis Baudrillard : l’objet de nos désirs de consommateurs obsessionnels n’est plus tant l’objet en tant que tel que son image, une mise en scène, un processus électif (Frank Perrin, Défilés, Jousse Entreprise, 2006). Les œuvres de Frank Perrin ont été exposées par les galeries Jousse (Paris) et Analix Forever (Genève) ainsi que dans nombreuses expositions institutionnelles à Moscou, Bruxelles, Barcelone et Séoul. Plusieurs ont été acquises par diverses collections publiques et privées en France (dont le Fonds National d’Art Contemporain) et à l’étranger (ING Insurance Collection, Amsterdam).

 

Frank Perrin explore de façon sans cesse renouvelée nos obsessions contemporaines et nos fantasmes collectifs, dont il nourrit série après série l’équivalent d’un catalogue raisonné. Les défilés de mode par exemple, qu’il a photographiés au fil des ans, ne sont plus tant une proposition vestimentaire qu’un théâtre où la beauté se produit, où la création s’expose, où la solitude des acteurs rencontre dans l’obscurité celle des spectateurs, peuple obscur qui regarde le « modèle » – une scène de tragédie dans laquelle le monde se reflète, se meut, s’émeut. La série des Joggers (1998-2011), autre sujet des photographies de Perrin, rend compte d’une obsession spontanée, planétaire, de la performance. Selon l’artiste, « L’addition de tous les gens, de toutes leurs obsessions, a plus à dire que moi-même. Je n'ai pas de vérité à asséner. La beauté, la mode, le spectacle, la planétarisation du futile : j'essaie d'attraper ces choses-là, ces fascinations qui sont de l’ordre à la fois de l’image extérieure et de l’image intériorisée, cette mousse des vagues de l’obsession – de les attraper dans mes filets comme un chasseur de papillons. Je suis dans le pollen des choses et essaie d’en extraire l’essence. Mais il faut trouver les miroirs adéquats, des formes pour transmettre la complexité de l’époque. »

 

Au Printemps de septembre Frank Perrin est invité à montrer ses Ruins, nouvel opus plus épuré et sophistiqué dans ses formes que ses photographies plus « classiques ». Cette série de type « photorama » émerge de nouveau de ses recherches sur le post-capitalisme.
Ruins prend la forme d’une frise murale inspirée par les monuments du pouvoir universellement reproduits sur les billets de banque. Frank Perrin met ici en lumière la relation subliminale entre architecture et argent. Une fois étirés, agrandis et purifiés de leur contexte, les monuments imprimés sur les billets de banque (d’Europe, d’Asie, d’Amérique…, sans hiérarchie) nous promènent dans un panorama virtuel reliant entre eux des bâtiments qui n’ont pas d’autre proximité que l’argent. L’artiste immortalise dans ses Ruins un monde en train de disparaître, celui des billets de banque, que remplacent cartes de crédit et de débit. L’équivalent de « ruines » du système capitaliste-marchand, mais de ruines grandioses : tout l’imaginaire de l’architecture et du pouvoir, ici, se voit caché autant que révélé. L’Histoire de l’argent ? Elle est à moi aussi. Il suffit de la regarder à travers les yeux de l’artiste pour comprendre comment les billets de banque, invention humaine à la fois mondialisée et singulière, engluent notre histoire dans le lit commun de l’argent, cette matière la mieux partagée au monde, faisant tout communiquer.