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Tracey Moffatt

Vigil
21.09.18 - 21.10.18
Installation vidéo — théâtre Garonne | Scène européenne

© PRINTEMPS DE SEPTEMBRE

PHOTOGRAPHE : DAMIEN ASPE

Née en 1960 à Brisbane (Australie), elle vit et travaille entre Sydney et New York.

 

Photographe et cinéaste australienne aux origines aborigènes, Tracey Moffatt aborde au travers de son œuvre la question de la colonisation et la confrontation des différentes visions, entre colonisateur et colonisé. Pour Vigil, elle diffuse en alternance des images surpeintes de naufrages de réfugiés et des portraits de vedettes hollywoodiennes au regard horrifié, dénonçant à quel point la misère humaine nourrit la consommation des images dans les médias publics.

 

Vigil est inspiré par le choc ressenti par l’artiste lors de la couverture télévisée de la noyade de dizaines de demandeurs d’asile en décembre 2010, dont le bateau s’est échoué dans une mer agitée au large de l’île Christmas dans l’océan Indien. La vidéo juxtapose des captures d’images journalistiques de bateaux délabrés qui débordent de réfugiés à la peau foncée et des gros plans cinématographiques d’acteurs Hollywoodien blancs – Elizabeth Taylor, Kathleen Turner, Julie Christie, Donald Sutherland – montrés regardant à travers des fenêtres. Les corps noirs indistincts des réfugiés font naufrage sous les regards effrayés certes, mais à distance et en sécurité, des protagonistes occidentaux. Tracey Moffatt intensifie la teinte sanglante de la mer, accentuant le sentiment de désastre.

 

Métisse aborigène élevée par des parents adoptifs blancs dans un milieu ouvrier, Tracey Moffatt fait partie de ces artistes qui placent leurs origines ethniques et sociales au cœur de leur œuvre : le titre de son premier long-métrage, Nice Coloured Girls (1987), en est symptômatique. Son travail s’articule autour d’éléments historiques et d’archives personnelles, qui s’organisent dans des séries de photos ou des films. Sa série photographique Something More (1989) la fait reconnaître sur le plan international : la juxtaposition de clichés en noir et blanc et en couleurs de décors naturels et peints, l’histoire fragmentaire d’un personnage principal féminin, le mélange entre réalité et fiction définissent immédiatement le style de ses œuvres. En 2017, Tracey Moffatt a représenté le pavillon australien lors de la 57e Biennale de Venise avec son exposition «My Horizon», dont Vigil est issue.

Exposition réalisée en partenariat avec le Théâtre Garonne | Scène européenne – Toulouse.