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Benoît Laffiché - Michel Perot - Yvan Salomone

L'Élégie des lisières
21.09.18 - 21.10.18
Exposition collective — CIAM - La Fabrique

© Yvan Salomone 0981_1217 _mxxsxxjxxdx

Trois artistes se partagent cette exposition : Yvan Salomone dont le travail a offert le point de départ de ce projet, Benoît Laffiché qui a été invité par Salomone et Michel Perot qui fait son retour au Printemps de septembre après avoir partagé les cimaises du BBB avec Samuel Richardot en 2008. Ces trois artistes sont d’abord des marcheurs qui arpentent des sites dédaignés, décentrés, périphériques. Ainsi les lisières sont-elles mouvantes ; les pays peu développés, les aires abandonnées, les alentours diffus des villes sont des mondes où l’entropie gagne. Cette exposition montre que des artistes peuvent en révéler la beauté fugace sans que leur élégie tourne à la déploration.

 

BENOÎT LAFFICHÉ

Pirogues

 

Né en 1970 à Saint-Malo, Benoît Laffiché vit et travaille à Lillemer. Près de Dakar, il a embarqué sur une pirogue pour une pêche nocturne. Son film, choisi par Salomone, est presque abstrait. Les images nocturnes ne laissent guère voir la scène sinon des lumières incertaines balançant dans l’obscurité. Ce qui donne à la bande-son une importance majeure : ici, le son donne à voir tandis que l’image bute sur le noir. Limite de la représentation, représentation d’une limite. On voit que Laffiché regarde ce qui du monde ne se montre pas dans le spectacle qui constitue notre réel. Son travail se construit au contact des invisibles.

 

MICHEL PEROT

Le Bleu des rails

 

Né en 1981, Michel Perot vit et travaille à Colombes. C’est dire qu’il a élu domicile en banlieue parisienne. Il la parcourt à pied ou en RER, il s’emploie à rendre sensibles ses beautés modestes, ses bonheurs discrets. Dans ses aquarelles de zones ferroviaires, des paysages catégoriquement modernes s’affichent en grisaille, voilés d’une nostalgie douce qui rappelle l’irruption de la ville dans la peinture du XIXe siècle.

 

YVAN SALOMONE

Ce matin-là

 

Né en 1957, Yvan Salomone vit et travaille à Saint-Malo. Depuis 1991, il peint des aquarelles de même format et le plus souvent de même inspiration : des vues de zones portuaires, de vestiges industriels, de secteurs marginaux. Ces images sont puissamment colorées et leur composition très structurée repose sur l’agencement de fragments photographiques et de réminiscences de l’histoire de l’art et de l’architecture moderne, ce qui donne à son œuvre un caractère polyphonique. Le monde de Salomone est une vue de l’esprit plutôt qu’une reproduction du visible. Il erre dans les bordures, là d’où toute présence humaine semble s’être retirée. Il les regarde avec des yeux de mythologue et d’iconographe. Il en fait des évidences familières et énigmatiques. Ici, douze aquarelles inspirées par une promenade dans le quartier Bellefontaine sont présentées avec des reproductions, en noir et blanc, tramées et de format réduit, des vingt autres images réalisées cette année. Une année entière de production est donc ici réunie qui permet de prendre la mesure de l’univers visuel de Salomone.

Remerciements : le Centre national des arts plastiques.